Barthes 1963 La Metaphore de l'Oeil

Barthes 1963 La Metaphore de l'Oeil

Citation preview

AOUT-SEPTEMBRE 1963

195-196

""·--·--····-·..·-· ····--· ··-·-··-·--··--,

Hommage à

GEORGES

1

BATAILLE par

ROLAND BARTHES

ANDRE MASSON

MAURICE BLANCHOT JEAN BRUNO

ALFRED METRAUX

MICHEL FOUCAULT PIERRE KLOSSOWSKI MICHEL LEIRIS

RE\'UE GÉNÉRALE

JEAN PIEL RAYMOND QUENEAU PHILIPPE SOLLERS JEAN WAHL

DES PUBLICATIONS FRANÇAISES ET ÉTRANGÈRES

Prix : 6,5o F

/

SOMMAIRE (

\_

Georges Bataille à Riom-es-Montagnes ............... .

J.-

ALFRED METRAUX. -

l

Rencontre avec les ethnologues ..

MICHEL LEIRIS. - De Bataille l'impossible à l'impossible « Documents » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

685

RAYMOND QUENEAU. - Premières confrontations avec Hegel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

694

ANDRE MASSON. -

Le soc de la charrue . . . . . . . . . . . . .

701

BRUNO. Les techniques d'illumination chez Georges Bataille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

706

JEAN PIEL. - Bataille et le monde: de « La notion de dépense » à « La part maudite » . . . . . . . . . . . . . .

721

MAURICE BLANCHOT. -

Le jeu de la pensée . . . . . . . .

734

PIERRE KLOSSOWSKI. - Le simulacre dans la communication de Georges Bataille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

742

MICHEL FOUCAULT. -

Préface à la transgression . . . . . .

751

ROLAND BARTHES. -

La métaphore de l'œil . . . . . . . . .

770

Le pouvoir et le non-pouvoir . . . . . . . . . .

778

JEAN

/

JEAN WAHL. -

PHILIPPE SOLLERS. -

De grandes irrégularités de langage

795

BIBLIOGRAPHIE

1. -

Œuvres de Georges Bataille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

803

11. -

Etudes et articles sur Georges Bataille . . . . . . . . . .

827

LA MÉTAPHORE DE L'ŒIL Bien que !'Histoire de l'œil comporte quelques personnages nommés et le récit de leurs jeux érotiques, Bataille n'a nullement écrit là l'histoire de Simone, de Marcelle ou du narrateur (comme Sade a pu écrire l'histoire de Justine ou de Juliette). L'Histoire de l'œil, c'est vraiment l'histoire d'un objet. Comment un objet peut-il avoir une histoire P"' 11 peut sans doute passer de main en main (donnant lieu alors à d'insipides fictions du genre Histoire de ma pipe ou Mémoires d'un fauteuil)• il peut aussi passer d'image en image ; son histoire est alors celle d'une migration, le cycle des avatars (au sens propre) qu'il parcourt loin de son être originel, selon la pente d'une certaine imagination qui le déforme sans cependant l'abandonner : c'est le cas du livre de Bataille. Ce qui arrive à l'Œil (et non plus à Marcelle, à Simone ou au narrateur) ne peut être assimilé à une fiction commune ; les « aventures >> d'un objet qui change simplement de propropriétaire, relèvent d'une imagination romanesque qui se contente d'arranger le réel ; en revanche, ses « avatars n, étant par force absolument imaginaires (et non plus simplement « inventés n), ne peuvent être que l'imagination même: ils n'en sont pas le produit mais la substance; en décrivant la migration de l'OEil vers d'autres objets (et par conséquent d'autres usages que celui du « voir n), Bataille ne se compromet en rien dans le roman, qui s'accommode par définition d'un imaginaire partiel, dérivé et impur (tout mêlé de réel) ; il ne se meut, bien au contraire, que dans une essence d'imaginaire. Faut-il donner à ce genre de composition le nom de " p